Cette semaine, les co-présidents de l’US Carcassonne, Benoît Mestre et Frédéric Calamel ont accordé une interview à l’Indépendant pour faire le point sur la situation actuelle et évoquer l’avenir de la gouvernance du club. Retrouvez ci-dessous l’article paru dans les colonnes du quotidien régional.
Frédéric Calamel et Benoit Mestre s’expriment sur la situation actuelle du club :
Comment vivez-vous la situation actuelle ?
Frédéric Calamel : « On ne la vit pas bien, on la vit même très mal, mais avec un esprit en mode guerrier. On a la farouche volonté de s’en sortir. On met tout en œuvre pour qu’on reste et qu’on soit en Pro D2 la saison prochaine ».
Benoit Mestre : « On a déjà connu des moments difficiles, il faut les affronter. On a la farouche volonté de se sauver coûte que coûte. C’est le maître mot du message que l’on essaie de transmettre dans tout le club ».
Pensez-vous l’USC capable de se maintenir ?
FC : « Bien sûr. On a quatre réceptions et trois déplacements (Mont-de-Marsan, à Béziers, Biarritz, à Agen, Vannes, à Montauban et Provence Rugby). On va rentrer du monde en espérant être épargné par les blessures et autres. On a l’équipe pour se maintenir, sans problème. C’est même une certitude. On n’a pas la certitude de se maintenir, mais on a le potentiel pour y parvenir ».
Sauf que quand on écoute Christian Labit, il répète depuis le début de la saison qu’il lui manque des joueurs…
FC : « On a réuni tout le staff, les joueurs, l’encadrement et, donc, le manager, avec un seul mot d’ordre, la farouche volonté de s’en sortir. À notre niveau, on met tout en œuvre pour. S’il y a un membre de toute cette équipe qui pense que la guerre est perdue, il ne faut pas qu’il vienne la faire avec nous, et qu’il reste chez lui, quel qu’il soit, joueur, entraîneur, directeur, manager, préparateur physique, kiné, dirigeant impliqué… Vous ne pouvez pas gagner une bataille avec des guerriers qui sont persuadés qu’ils vont la perdre. La personne qui pense que c’est foutu, qu’elle reste chez elle. On va jouer les sept derniers matchs avec les gens qui vont tout mettre en œuvre pour s’en sortir ».
Il reste sept matches. Sept finales…
BM : « Tout à fait. Ce sera à la vie, à la mort. On a la ferme intention de rester en Pro D2. Ceux qui pensent qui ne sont pas en phase avec ça, qu’ils restent à la maison. On a été clair avec eux il y a dix jours. Peut-être que certains ne l’ont pas compris… Mais il va falloir qu’ils l’entendent. Les joueurs qui sont là, on les a choisis. C’est notre effectif, relatif à nos blessures, notre budget. Des joueurs supplémentaires, on en a eu deux, on n’a pas droit d’en prendre plus. Pareil pour les jokers médicaux. Même si Frédéric (Calamel) est vice-président de la LNR, il n’a pas de passe-droit sur les règlements. Voilà, après Manchia, Bekosvhili, Carroll, Marques, Carbou, Amrouni, Puletua, Hilsenbeck… vont revenir. Effectivement, il a manqué beaucoup de monde à certains matchs, mais il y a des matchs qu’on n’aurait pas dû perdre et pourtant il y avait du monde. À Carcassonne, on a du tempérament, on l’a prouvé par le passé. L’ensemble du club croit dur dans ce maintien ».
Qu’est ce qui fait que ce groupe-là n’a pas fonctionné ?
BM : « Il y a eu une très belle saison dernière, les joueurs se sont montrés, on était plus attendu… Beaucoup de joueurs sont donc partis jouer à l’échelon supérieur. C’est la première fois qu’on en a autant et c’est une fierté pour l’USC. On a dû redémarrer un cycle et la mise en place a été bien plus difficile. Puis les équipes qui montent ont, aussi, beaucoup plus de répondant que les précédentes ».
FC : « Pas mal de blessures. On perd le numéro 8 Tim Agaba pour dopage et le centre Nick Grigg, international écossais, et qui est au chevet de sa maman. Je ne pense pas que l’on soit plus mal loti que Massy ou Soyaux-Angoulême, par exemple ».
Est-ce que le fait que Christian (Labit) annonce dès juin dernier son intention de quitter l’USC a été un bon signal envoyé ?
FC : « Ce n’est pas un mauvais signal en tout cas. Par contre, après notre quart de finale perdu, l’indécision de Christian pendant un bon mois a été en partie néfaste, en tout cas dans notre préparation estivale. Mais ce n’est pas LA raison, ce serait trop simple.
Préparez-vous un plan « Nationale » ?
BM : « Non, si la catastrophe arrive, il sera temps d’y penser. Pour l’instant, on ne pense qu’à une seule chose, c’est se sauver. On ne parle pas de Nationale entre nous.
FC : « La Nationale ne se prépare pas, elle se subira. Si la catastrophe arrive, on fera face ».
Malgré votre situation fragile au classement, vous annoncez des recrues pour la saison prochaine. Est-ce une bonne chose pour le groupe en place qui lutte pour le maintien ?
FC : « Oui, outre le renouvellement, les nouvelles recrues, d’autres se sont réengagés et beaucoup sont sous contrat ».
Des contrats qui seront caducs en cas de descente…
FC : « Oui, mais je ne pense pas qu’annoncer des recrues perturbe le groupe existant. Au contraire, montrer à tous les joueurs qu’on réalise un recrutement de qualité doit leur donner encore plus envie de sauver le club pour bien figurer la saison prochaine ».
Le 21 novembre dernier, vous avez été pointé du doigt par la DNACG pour incohérence du budget de la précédente saison. Vous avez écopé d’une sanction de trois points avec sursis. Qu’en est-il aujourd’hui ?
FC : « Le budget présenté à la fin de saison dernière n’était pas identique avec celui qu’on a produit, avec des différences qui sont dues à des faits réels, d’où la condamnation. Il n’y a aucun risque que ça s’aggrave. On n’a pas fait appel ».
« Que tout le monde se mette derrière le club pour l’aider à se maintenir. Que tout le monde soit à l’unisson«
Qui pour accompagner Jean-Marc Aué la saison prochaine ?
BM : « Nos entraîneurs sont sous contrat. Jean-Marc (Aué) était le seul à ne pas l’être. Mathieu (Cidre) et Aurélien (Cologni) seront donc là, à moins qu’ils soient appelés par un club de niveau supérieur bien sûr. Ils seront Carcassonnais la saison prochaine ».
Même en cas de descente ?
BM : « On n’y pense pas. En cas de descente, beaucoup de choses devront être repensées. On est dans une optique, celle de la Pro D2. Pour le reste, on verra ».
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
FC : « Oui, que tout le monde soit derrière le club, les supporters, nos partenaires, nos collectivités. J’espère fortement qu’on sera en Pro D2. Dans le cas contraire, peut-être qu’il sera trop tard pour voir la réalité du potentiel économique de notre club, une entreprise de presque 80 salariés qui pèse 500 000 euros de location de loyers, 2 millions d’euros ont été investis dans de l’immobilier par nos joueurs sur l’année passée… Que tout le monde se mette derrière le club pour l’aider à se maintenir. Que tout le monde soit à l’unisson ».
BM : « Si l’on veut rester dans les trente meilleurs clubs français, il faut augmenter notre capacité financière. Il n’y a pas cinquante solutions. On a doublé notre budget commercial en cinq ans. Il faut maintenant qu’on aille plus loin avec des structures pour accueillir davantage de partenaires et que nos supporters se sentent encore mieux à Domec ».
Benoît Mestre reprend les rênes de la présidence :
C’est une page, un livre qui se referme avec le départ acté, à la fin de la saison, de Frédéric Calamel, actuel président de l’US Carcassonne. Homme fort de l’USC pendant 20 ans, Calamel cédera son poste à Benoît Mestre, son coprésident depuis 2019. « Une décision, dit-il, mûrement réfléchie, et qui n’a rien à voir avec les résultats actuels ».
« Cela fait 40 ans que j’y suis, 20 ans en tant que joueur, 20 ans en tant que président. Et cela n’a rien à voir avec la situation. Je partage depuis quelques années la présidence avec Benoît Mestre. On en a parlé l’été dernier, avec l’ensemble du club, les actionnaires, le conseil d’administration, et toutes les choses sont claires et en marche en interne. Ma décision est prise depuis la fin des phases finales la saison dernière. C’est une décision mûrement réfléchie. Je suis avec Benoît depuis quelques années maintenant. Comme moi, il a le sang jaune et noir. Il est Carcassonnais et a tout prouvé au niveau de ses entreprises. Voilà, je reste au club, je reste derrière lui, mais je ne serai plus le président. Je suis conscient que c’est une grande page du club qui se tourne mais le livre n’est pas fini. Mon passage est terminé et le fait que Benoît soit là fait que le passage de témoin est serein. Benoît Mestre est la meilleure évidence possible. C’est l’homme qui correspond le mieux. Il a les épaules. Je garde mon poste à la Ligue et je reste au service du club, actionnaire, au conseil d’administration. Je reste au service et au besoin du club, de Benoît, s’il a besoin de moi ».
On sait Christian Labit et Frédéric Calamel très proches. Le fait que le premier décide de stopper sa collaboration avec l’USC à la fin de la saison a-t-il poussé son président à prendre la même décision ? « Les gens diront qu’on est venu ensemble et qu’on part ensemble. Mais non. Le club est plus important que Frédéric Calamel ou Christian Labit ».
Quoi qu’il en soit, pour Frédéric Calamel, qui dirige le club depuis 2003, la nomination de Benoît Mestre, 55 ans, est plus qu’une évidence :
« Je me suis porté candidat. Il faut maintenant que le conseil d’administration valide, explique le PDG de Sud Primeurs. C’est une passation que l’on travaille depuis quelque temps. Quand on y a mis le doigt, c’est compliqué d’en sortir. Pas sûr que je tienne 20 ans comme Frédéric (rires). L’USC représente beaucoup pour moi. Mon père y était dirigeant,mes frères y ont joué, j’ai toujours été baigné dans le jaune et noir dans la vie et dans l’entreprise. Il y a la famille, le travail et le rugby. J’ai bien peur que mon fils soit piqué aussi (rires) ».
Source : L’Indépendant – 9 mars – Article Eric Sirach